
Papa ! Vous avez dit Papa ?!?
Certains HOMMES se sentent papa dès le premier jour de la conception. D’autres doivent attendre de voir le bébé avant de ressentir cette SENSATION. Enfin, certains ont encore besoin de plusieurs mois après la naissance du baby. La PATERNITE ne « naît » pas en un jour. Elle se fait par étapes.
Contrairement à la femme qui se sent maman dans son corps, l’homme, lui, n’a que son esprit, son imagination pour se sentir papa. Souvent, d’ailleurs, lorsqu’il imagine son bébé, il brûle les étapes et le voit déjà grand.
Il est vrai que j’ai déjà passé trois mois à apporter à ma compagne des tests de grossesse, à croire que je savais que cela devait arriver, que j’en avais limite plus envie qu’elle dès qu’un léger retard de règles pointait le bout de son nez.
Mais maintenant ? J’oscille entre le vide complet, la tombée dans l’un des gouffres pernicieux que l’on visite dans notre jeunesse ou bien une plongée sans filet dans une euphorie légère voire même totale.
Bon, je ne suis pas dans le corps de Madame (bien que j’aille rapidement en connaître ses humeurs), alors comment faire pour l’aider au mieux, l’accompagner dans ces moments de bonheur mais également de douleur ? Depuis toutes jeunes, on inculque archaïquement aux femmes qu’il faut souffrir pour être belles. A priori, la grossesse est le moment où ma compagne va être la plus magnifiée tellement elle crie du soir au matin…
Un rôle particulier
Mais moi dans tout ça ? Mon rôle de père et la paternité ? Tous les amis m’appellent, me félicitent, me balancent du « Tu vas être père, c’est magnifique ! ». C’est sans compter sur ma toute petite et fébrile voix intérieure qui me dit : « Tu ne sais pas que tu t’attaques au plus grand (et plus beau) défi de ta vie ».
A part m’apercevoir que Madame a le ventre qui s’arrondit (et des formes généreuses qui apparaissent, ce qui n’est pas pour me déplaire, soyons pragmatiques), pour moi, cette paternité reste tout de même un sentiment complètement abstrait, comme si j’avais ouvert la mauvaise lettre. Il me faut en savoir plus sur la grossesse.
Arrivé à la bibliothèque, rayon Sciences Naturelles, lettre G. Un grand silence puis mon regard croise l’oeillade complice d’un autre homme, qui avec un large sourire me lance : « Je vous le passe après ! »
Au début, je ne comprends pas. Puis en lisant le titre sur la tranche du livre qu’il tient dans ses mains, je vois inscrit un nom lié à la grossesse. Ouf, je me sens moins seul. J’ai de quoi occuper les semaines à venir en lectures en tous genres. A chaque page lue, digérée, annotée, je me rapproche de plus en plus de ce sentiment de ce fameux paternité.
Première rencontre
Voilà, le grand jour. La première échographie. On entre inexorablement dans le vif du sujet. Je me sens au point, après de nombreuses heures interminables de bouquinage, des plus techniques aux plus farfelues, à faire face à cette responsabilité. Mais j’ai tout de même quelques petites interrogations et la principale : comment dire à ma compagne que je m’inquiète pour elle sans pour autant qu’elle le prenne mal ou le juge comme un aveu de faiblesse. Arrivé dans la salle d’attente, j’ai la vague impression d’avoir oublié complètement toutes les informations que j’ai pu emmagasinées jusqu’alors.
Ah ! Quelque chose que je reconnais, un écran d’ordinateur, comme au travail, me voilà rassuré. Autant me raccrocher à des éléments techniques tant que je ne suis pas encore submergé par mes émotions. Mais quelles sont toutes ces couleurs… Ni une ni deux, j’assaille le docteur de toutes les questions que j’avais noté dans mon petit carnet afin de me rassurer. Oui, je sais, c’est un peu facile de se décharger de ses émotions sur une tierce personne, mais je suis tellement anxieux pour Madame et pour le bon état de santé de Bébé, qu’il faut bien que je passe moi aussi mes nerfs… A défaut de pouvoir demander des fraises au Nutella à 3 heures du matin…
Bon, tout va bien, bébé grandi normalement et je prends conscience qu’il va falloir me préparer pour affronter au mieux l’accouchement. Oui, je sais, les termes que j’utilise sont du champ lexical de la guerre mais c’est un peu ce qui se passe dans ma tête en ce moment. Je vais être père, il va falloir être prêt pour soutenir ma compagne. Durant les futures semaines, direction les réunions de préparation à l’accouchement.
Et c’est le temps qui court…
Au fur et à mesure, les semaines passent et mon sentiment de paternité grandit de plus en plus jusqu’à devenir sans doute démesuré. Vous savez, l’entraîneur de l’équipe de France de football en 98 pour la Coupe du Monde, en fait c’était moi avec ma dulcinée. Je m’improvise à la fois coach, psychologue, aide-soignant, transporteur, cuisinier, amou reux transit. J’ai été présent à tous les rendez-vous, j’ai suivi tous les cours possibles et imaginables, dans tous les domaines qui pourraient rendre ma femme plus heureuse.
Vous savez, certains hommes se sentent papa dès l’annonce de la grossesse, d’autres doivent attendre la naissance pour réellement le concevoir. Pour la majorité d’entre nous, les pères, cela se fait tout simplement par étapes. Nous, nous ne ressentons rien physiquement, tout est dans le mental ! J’ai beau être émerveillé par le ventre de ma femme qui s’arrondit chaque jour un peu plus et les échographies qui se succèdent, tout cela ne me rassure pas spécialement, je reste toujours aussi interrogatif devant ce petit être inconnu qui va venir bouleverser ma vie, notre vie.
Et un matin (pourquoi cela arrive toujours dans les moments les plus incongrus) très tôt, j’entends la phrase magique. Enfin magique ou bien cristallisante de toutes mes peurs que je tentais de cacher, d’enfouir au plus profond de moi. La future mère de mon enfant me dit qu’elle va appeler l’hôpital, que le bébé arrive. En deux temps trois mouvements, comme si je savais que je n’allais plus servir à grand-chose dans les heures qui suivent, je cours sur le téléphone pour prévenir la maternité. Ouf, j’ai encore réussi à faire quelque chose.
Le jour J
Nous arrivons au pôle mère-enfant et là, toutes mes inquiétudes résident rien que dans le nom de ce bâtiment. Et nous les pères ? Nous n’existons plus ? Mon sentiment de paternité qui s’était construit difficilement durant des jours et des jours s’est retrouvé d’un coup amoindri voir même spolié. Ma femme est prise en charge sans problème et je rejoins la cohorte des hommes errants dans les couloirs, parfois se regardant comme si chacun était au tribunal, attendant d’être appelé comme témoin dans une expérience douloureuse. On essaye d’ailleurs de trouver des points connus de tous et rassurant comme la machine à café pendant que Madame commence à souffler.
Vous connaissez le sentiment de douleur de votre main coincée dans une porte ? C’est à peu près ce que j’ai subi durant un long moment afin d’avoir le droit d’assister à la naissance de mon enfant. J’ai aussi passé avec brio mon examen d’entraîneur et suis prêt à mener mon équipe aux plus hauts sommets. Du coup, le sentiment de paternité, il est définitivement ancré en moi.
Non, plus sérieusement, après avoir failli m’évanouir plusieurs fois, j’ai assisté au plus beau moment de ma vie. Je sais que la réaction des pères peut être différente, entre le déni, l’ignorance, ou au contraire la surprotection, mais pour moi, j’étais simplement parent.
Je pensais que mon rôle d’homme multitâches durant la grossesse était terminé mais en fait je me suis vite aperçu qu’il ne venait que de commencer afin d’aider au mieux ma chère et tendre à se reposer au plus vite. Pour ma part, ce sentiment de paternité ayant grandi et s’étant épanoui en moi au fur et à mesure de la grossesse de ma compagne, la naissance n’étant en définitive qu’une conclusion, qu’un aboutissement de ce sentiment. Magique…

Chéri, on se mate un DVD ?
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