Consultation en gynécologie et en obstétrique : des règles à observer

Mises en exergue ces dernières semaines notamment dans le cadre de l’affaire Daraï, les violences gynécologiques ne sont plus un tabou. Face à ces révélations brûlantes qui ont poussé de nombreuses femmes à sortir du silence, le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) publie pour la première fois une charte visant à expliquer aux patientes, comme aux praticiens, les « bonnes pratiques » à mettre en place lors d’une consultation.

Souvenez-vous. Fin sep­tembre, un scandale éclate au sein de l’hôpital Tenon à Paris. En cause, les pratiques plus que douteuses d’Emile Daraï, éminent gynécologue-obsté­tricien, spécialiste de l’endométriose, accusé de violences et de viol par trois patientes, bien décidées à sortir du si­lence. Très vite, ce sont plus de 150 femmes qui apportent leurs témoi­gnages par le biais du collectif Stop aux violences obstétricales et gynéco­logiques. L’affaire prend alors une am­pleur nationale, permettant de mettre en lumière les pratiques parfois dépla­cées de certains professionnels.

Une charte de bonne conduite

Face au déferlement médiatique autour de l’affaire Daraï mais aussi aux (trop) nombreux faits rapportés sur les ré­seaux sociaux et les forums spécialisés dans les quatre coins de la France de femmes victimes d’abus en tous genres, le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) a tenu à prendre le problème à bras le corps. L’objectif ? Proposer aux pa­tientes comme aux professionnels de santé une charte de « bonnes pratiques » à adopter, visant notamment à infor­mer le plus grand nombre de ce qui se fait et les pratiques à proscrire.

Bienveillance et respect

« Les professionnels ont parfaitement conscience de la particularité de la consultation de gynécologie ou d’obs­tétrique qui touche à l’intimité psy­chique et physique des femmes. Cette consultation nécessite une écoute, une attitude, un dialogue et un examen physique dans un esprit de bienveil­lance et de respect mutuel ». L’intro­duction de la Charte de la consultation en gynécologie ou en obstétrique est claire, chaque femme est en droit de réclamer respect et bienveillance de la part de son praticien. Si les mots sont bien choisis et la promesse plu­tôt convaincante, reste à savoir dans les faits ce que cette charte, reconnue par l’ensemble de la profession, pré­voit pour enrayer ce phénomène de maltraitance malheureusement trop souvent répandu.

Les règles d’or de la consultation

Gardez tout d’abord en tête qu’une consultation en gynécologie ou en obstétrique est un examen particulier au cours duquel, en règle générale, votre intimité est en jeu. Il se peut alors que vous ressentiez une certaine réticence, partagée par de nombreuses femmes. Ici, le praticien se doit d’être à votre écoute et de répondre au mieux à chacune de vos questions, même les plus élémentaires. C’est essentiel pour instaurer un climat de confiance avec votre médecin et primordial pour le bon déroulement de l’examen. Il faut savoir également qu’un examen clinique n’est absolument pas systé­matique. En effet, dans le cadre d’une simple consultation d’ordre contracep­tive sans symptômes apparents par exemple, il n’est pas recommandé. C’est de toute évidence bon à savoir.

Si vous ne souhaitez pas être exami­née, c’est également dans votre droit. Il vous suffit de le spécifier à votre pra­ticien en début de séance pour éviter tout malentendu. Sachez toutefois que l’imagerie traditionnelle a ses limites et qu’elle ne peut par exemple donner de renseignements sur l’état de la vulve, du vagin ou du col ou encore sur les origines potentielles de saignements ou de pertes. L’examen clinique est égale­ment incontournable dans le cadre de prélèvements (frottis, examens bacté­riologiques). Dans tous les cas, votre accord oral est nécessaire.

Pudeur et bien-être

Lors d’un examen gynécologique, il est primordial que vous vous sentiez le plus à l’aise possible. Cela passe par exemple par le respect de votre pudeur, et la possibilité de vous dévêtir en toute discrétion, à l’abri des regards. Lors de votre examen et sans contre-indication liée à la Covid, vous pouvez également être accompagnée de la personne de votre choix. Futur papa, soeurette ou meilleure amie, le tout étant que vous soyez pleinement rassurée. Si votre praticien vous indique par ailleurs qu’un étudiant est susceptible de par­ticiper à l’examen, vous êtes également en droit de refuser.

L’examen en lui-même doit être expli­qué avec précision à chaque patiente. Une palpation des seins, une palpation abdominale, un toucher vaginal avec gant ou doigtier, et l’usage de matériels médicaux tels qu’un spéculum ou une sonde endovaginale peuvent alors être de mise. A noter que dans certains cas, le recours à un toucher rectal après ex­plications peut être justifié.

A retenir également que la charte pré­cise que « l’examen doit pouvoir être interrompu dès que la patiente en manifeste la volonté. Aucune pres­sion, en cas de refus, ne sera exercée sur elle ; il convient alors de l’informer de l’éventuelle nécessité d’un nouveau rendez-vous pour réaliser l’examen, si celui-ci est indispensable, et de l’infor­mer des limites diagnostiques et théra­peutiques que cette absence d’examen clinique peut entrainer ».

Osez en parler !

Que vous soyez victime d’abus, qu’ils soient d’ordre physiques ou psycho­logiques (le verbal a ici toute son im­portance), l’essentiel est de ne pas rester dans le silence. Aujourd’hui, nombreuses sont les femmes qui osent dénoncer les pratiques douteuses de leur médecin et aussi difficile cette dé­marche soit-elle, elle est plus que né­cessaire pour qu’enfin, toute femme et future maman puisse être suivie médi­calement sans crainte d’être bafouée.

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