Fais dodo… ou pas !

Les enfants et le sommeil, c’est une drôle d’histoire d’amour. Du plus jeune âge à l’adolescence, il se cherchent, se détestent, s’adorent et se détruisent parfois. Un peu comme un vieux couple qui se chamaille sans cesse mais qui au fond, ne peut véritablement se passer l’un de l’autre…

Baby – 1 mois…

Le ventre arrondi et prêt à éclater, Maman s’extasie devant les petites bosses qui se forment sur son joli bidou. Encore bien au chaud dans son cocon douillet, Bébé s’amuse, danse comme un petit fou jusqu’au bout de la nuit et donne de gentils coups de pieds annonciateurs, pour prévenir à demi-mot que la tranquillité, c’est bel et bien terminé. Papa s’affole et voit déjà la grande carrière de footballeur à laquelle son fiston est prédestiné, regardant tendrement sa femme, qui nourrit le miracle de la vie.

Et dire que nous, pauvres futurs parents encore naïfs, on trouve ça mignon… Si on savait que tout ce charivari n’était que le début d’un loooong périple auquel peu d’entre nous est préparé, on verrait la chose d’un oeil légèrement plus inquiet. Car en vérité je vous le dis, inutile de se voiler la face, votre baby et ses gentils dodos, c’est comme les contes de fées. Ça n’existe pas. Point barre.

A 2 semaines…

Les premiers jours de la vie de Bébé, tout est nouveau, tout est beau, tout est rose. Pris par l’adrénaline de cette naissance merveilleuse, on se dit qu’au fond, ce n’est pas si difficile que ça de se lever toutes les trois heures pour le nourrir. C’est tellement fascinant, tellement renversant.

Renversant. Voilà le bon mot ! Car après deux petites semaines passées aux côtés de votre petit ange et ses desiderata nocturnes, c’est à ce moment précis que les ennuis commencent. Maman est excédée, le teint gras et le cheveu hirsute, tandis que Papa joue les remake d’un vieux film de zombies de seconde zone, errant dans la maison sans véritable but. La fatigue s’installe et très vite, les nerfs à vifs, le manque de sommeil vient complètement bouleverser votre quotidien. Et bizarrement, votre loulou qui n’a aucune idée du rythme qu’il lui faudra bientôt prendre, vit la situation heureux comme un pape, prêt à en découdre avec l’ombre de ses parents, plusieurs fois par nuitée.

Et c’est là que, dans l’énergie du désespoir, on trouve LA bonne idée, celle de se relayer, tire-lait ou bibi en mains. On gratte alors quelques heures de coma, en priant que tôt ou tard, notre fripouille finira par faire ses nuits. Ce qui arrivera assez vite… ou pas ! Car ici, tous les bambins évoluent à un rythme qui leur est propre et si certains parents au top de leur forme se vantent (oui, oui, on aimerait les étriper) d’avoir un baby qui a fait ses nuits seulement trois semaines après le retour de la maternité, d’autres, l’oeil vitreux et la silhouette affaissée, avouent ne pas être encore tout à fait sorti d’affaire alors que leur fifille d’amour a maintenant deux ans. Dur.

Les nuits de Bébé, c’est un peu comme la roulette russe. Soit ça passe, soit ça casse ! Et malheureusement, ça casse assez souvent…

A 6 mois…

Finalement, vous êtes plutôt veinard. Cela fait maintenant quelques mois que votre adorable baby fait de bons gros dodos, et la maisonnée semble dorénavant roupiller à l’unisson. Jusqu’à cette fameuse nuit, ou hurlant de tout son souffle, votre pitchoune fait trembler les murs de tout le quartier. Non, il n’est pas malade. Il grandit, voilà tout. En pleine phase de développement psychomoteur et psychique, votre petit loup revit la nuit chacune des fabuleuses découvertes qu’il a vécues au cours de sa journée, et forcément, ça l’agite. Et pour peu qu’il fasse ses premières dents, c’est de nouveau la cata à la maison. Oui, on nous avait prévenu que les nuits c’était difficile. Mais pourquoi diable nous cacher que lorsque tout semble enfin rentré dans l’ordre, la situation peut encore basculer et revenir à l’état de cauchemar ? Non, vraiment, c’est pas sympa…

A 2 ans…

Mais qu’il est chou votre adorable poupon, ses joues toutes roses et ses éclats de rire à faire fondre un coeur de pierre ! A le voir, si joyeux et plein de vie, on ne pourrait imaginer un seul instant qu’en pleine nuit, il est capable de pousser des hurlements dignes des scènes les plus terribles de « L’exorciste » ! Car voilà bien notre sensation lorsqu’on est confronté pour la première fois à une terreur nocturne. Cet état secondaire et inconscient, dans lequel votre enfant exprime ses craintes, sans se réveiller pour autant. Très spectaculaire, ce phénomène qui touche en moyenne un enfant sur trois, inquiète passablement les jeunes parents, témoins de la transformation monstrueuse de leur petit ange. Tremblements, yeux qui tournent, baragouinages et autres cris stridents : la terreur nocturne peut être ponctuelle ou fréquente selon les cas. Si elle persiste, mieux vaut tout de même consulter un spécialiste afin de déceler si les peurs de votre bébé ne sont pas plus profondes qu’il n’y paraît.

Dans tous les cas, il est conseillé de ne pas réveiller votre kid. Inconscient, il ne comprendrait pas le vent de panique qui souffle sur sa chambre et pourrait être d’autant plus effrayé. Plus facile à dire qu’à faire, parce que question réflexe, on aurait plus tendance à faire appel à un grand sorcier pour qu’il chasse les démons qui s’emparent sans vergogne de notre petite créature divine.

A 4 ans…

« J’ai peur du noir », « j’ai peur des monstres », « j’ai peur des bébêtes », « j’ai peur de la Reine des Neiges »… En bref, votre minot a peur de tout. Même de son ombre. Il entre dans une phase où il grandit à vue d’oeil, où il prend conscience du monde qui l’entoure et des effrayantes choses à trois têtes qui le peuplent. Ici, rien de tel que de tenter de le rassurer. Cela passe par des mots, qui lui permettront d’exprimer son mal-être, par une petite veilleuse savamment disposée dans sa chambre, par un spray anti-sorcières ou un attrape-rêves fixé au dessus du lit, par le visionnage pour la 137ème fois de « Monstres et Cie » ou par une sympathique chasse au paranormal à chaque fois que l’heure du dodo approche.

Le hic, c’est que votre gentil fripon pourrait très vite prendre goût à ces petits rituels et s’inventer des peurs qu’il ne ressent pas vraiment, histoire de vous garder un peu plus longtemps auprès de lui. Là, c’est votre radar de parent qui entre en jeu et qui doit démêler le vrai du faux…

A 5 ans…

Même si cela ne concerne pas tous nos bambins, l’énurésie est un phénomène fréquent chez un enfant sur dix, qui peut arriver de façon ponctuelle ou parfois, chaque nuit. S’il est parfois le signe que votre enfant n’est pas encore tout à fait propre et que sa vessie manque de maturité, le fameux « pipi au lit » peut aussi avoir des causes psychologiques. Un déménagement, le décès d’un parent proche, l’arrivée d’un nouveau bébé, une tension familiale : autant d’événements qui peuvent chambouler la vie toute paisible de votre kid, qui témoigne son mal-être

en se soulageant inconsciemment la nuit. Il se peut aussi que l’énurésie soit héréditaire, aussi, si vous-même enfant vous connaissiez le syndrome des draps mouillés, prévoyez illico une alaise !

Dans tous les cas, il ne faudra surtout pas vous moquer de votre petit loup, qui se sent généralement déjà honteux de la situation. Si souvent un petit rappel à l’hygiène et une certaine vigilance sont suffisants pour apaiser ce trouble nocturne (on oublie le dernier verre d’eau d’avant dodo), parfois, une consultation chez un pédopsychiatre peut s’avérer nécessaire…

A 7 ans…

« Si, j’te promets. Il marchait dans le couloir, comme un fantôme, les yeux grand ouverts, mais il dormait ! » Vous voilà désemparée, en train d’expliquer à votre voisine en pleine manucure, comment votre loulou vous a fichu la trouille en pleine nuit, errant comme un revenant, les mains en avant. Selon les statistiques, entre 20 et 40 % des enfants âgés de 6 à 12 ans ont déjà connu une crise de somnambulisme. Considéré comme un trouble du sommeil relativement sévère en raison des risques qu’il peut engendrer, le somnambulisme est particulièrement impressionnant. Ici, il est conseillé de ne jamais réveiller votre enfant (sauf s’il se retrouve au bord de la piscine et qu’il ne sait pas nager), un peu dans la même veine que pour les terreurs nocturnes, et de le raccompagner doucement à son lit.

En revanche, le somnambulisme est une manifestation qu’il ne faut surtout pas prendre à la légère. Si les crises sont fréquentes, elles peuvent avoir des répercussions sur la santé de votre kid. Aussi est-il nécessaire de consulter pour tenter de comprendre quelles sont les causes réelles de cette affection…

A 12 ans…

Le teint livide et l’oeil terreux, votre pré-ado rentre de l’école tout penaud, un mot de la dirlo à la main. Il vous tend l’affreux bout de papier et là, vous découvrez à votre grand désarroi, que cela fait la troisième fois cette semaine que votre enfant s’est endormi en classe. Vous aviez bien remarqué que ses notes avaient légèrement chuté ces derniers temps, mais jamais ô grand jamais, vous n’aviez pensé que cette baisse de régime soudaine était due à un manque cruel de sommeil.

Pourtant, il se couche relativement tôt. Oui mais voilà, scotché à son téléphone portable où il n’arrête pas de textoter et de télécharger des séries, il finit par se coucher à point d’heure chaque soir.

Les nouvelles technologies, le mal de notre siècle ? A y regarder de plus près, ici, ce sont des règles qu’il faut établir. Que votre enfant vive avec son temps, c’est une chose, qu’il ait le cerveau complètement absorbé par cette pluie de pixels en est une autre. Veillez au grain et interdisez tablettes, jeux-vidéo et autre télé in the room à votre kid, au risque que son sommeil soit clairement déstructuré…

A 15 ans…

Non, il ne fait plus de cauchemars. Pipi au lit ? C’est relativement rare aussi. Vous quémander un verre d’eau en pleine nuit ? Il est suffisamment grand pour se le procurer tout seul (d’ailleurs, dans ce cas précis, généralement l’ado ne boit pas. Trop dur de se lever…). Et là, alors que tout paraît enfin être rentré dans l’ordre, on vous entend hurler vous et votre mari « mais tu vas sortir du lit, oui ! Il est midi passé flûte de zut (pour être poli) ! »…

Voilà tout le paradoxe des parents. On passe quinze ans à prier tous les dieux pour que nos enfants dorment paisiblement et quand (enfin!) ils s’avachissent d’eux-mêmes sur le canap’ ou sur leur lit à longueur de journée, on n’est pas content. Non mais sérieusement… Il faudrait savoir ce que l’on veut vraiment !

Blague à part, l’ado est un adulte en devenir. Et la puberté, ça fatigue… Alors on dort, encore et encore. Et puis se laisser aller aux bras de Morphée, ça aide à oublier tous les petits bobos du quotidien. Allez, on lâche un peu la bride, très bientôt ils deviendront adultes, devront se lever, chaque matin à la même heure, pour se rendre au travail et répondre à toutes ces horribles responsabilités auxquelles les adultes sont confrontés… Si ses résultats scolaires suivent et que ses humeurs sont stables, pas d’inquiétude à avoir. Quant à vous, PRO-FI-TEZ de cette liberté retrouvée m’enfin !

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Pin It on Pinterest