Témoignage : mon Baby-blues à moi…

Le BABY-BLUES, sans doute l’une des choses que je redoutais le plus pendant ma grossesse. Voilà un petit bout de mon EXPERIENCE personnelle…

Baby-blues, dépression post-partum, rejet incontrô­lé de l’enfant… Toutes ces choses dont on n’ose pas for­cément parler mais qui nous rongent de l’intérieur. Comme toutes les futures mamans, pendant ma grossesse, j’ai beaucoup lu, énormément googlei­sé. Et j’ai flippé. Tous ces témoignages plus ou moins anonymes et assumés de jeunes mamans qui ont vécu des situa­tions difficiles à la naissance de leur en­fant, des périodes de crises soutenues et culpabilisantes, à se taper la tête contre les murs. Une sensation difficilement compréhensible que l’on juge parfois un peu trop vite lorsque soi-même, nous n’avons pas encore de bébé.

A l’époque, quand j’attendais mon petit garçon, le sujet était encore très tabou. On en parlait peu, on avait honte. Pe­tit à petit, le voile s’est levé, laissant s’exprimer des milliers de mamans sur cette chose vicieuse et ingérable qu’est le baby-blues. Phénomène de mode ou vo­lonté réelle de témoigner et d’aider leurs congénères, les célébrités elles aussi ont joué la carte du franc-jeu, d’Alessandra Sublet à Gwyneth Paltrow, de Courtney Cox à Jennifer Lopez et j’en passe… Bref, on pose enfin les mots, les émo­tions, un diagnostic autour de ce cham­boulement hormonal. Et ça fait du bien.

C’est le jour 1…

Bébé est là. Tout fragile et tout trognon dans son petit berceau. Je l’aime déjà à en crever. Je l’ai toujours aimé. Je l’observe, le contemple, je ne m’en lasse pas. Et je ne dors pas. Je n’ose pas fermer les yeux de peur de rater un geste, un regard, un sourire. De peur qu’il ne s’arrête de res­pirer. Et je ne dors toujours pas.

Emportée par l’adrénaline de ma nou­velle vie de maman, perchée dans une autre dimension où seul ce petit être compte, je ne m’aperçois pas qu’inté­rieurement, mon corps commence à lâcher. Je suis épuisée mais je ne le vois pas, je suis à bout mais je ne le réalise pas. Raf a tout juste 48 heures. Et moi, 72 sans sommeil. Je suis fantomatique, heureuse mais lessivée. Et là, sans crier gare, une sensation étrange monte en moi, comme une tornade de sentiments et d’émotions que je ne contrôle pas. Je sens les larmes monter, violemment, intensément. Je ne veux pas que mon enfant soit témoin de ce coup de ca­fard et même s’il dort à poings fermés, j’actionne illico le bouton d’appel pour qu’une sage-femme me porte secours.

Je suis au bout de ma vie, les secondes qui suivent sont une torture. J’ai envie de m’enfuir, de hurler, j’ai peur et je vais vaciller. Un regard suffit, elle a compris. Elle a l’habitude semble-t-il. Je n’ose pas jeter un dernier coup d’oeil au berceau que j’abandonne pour la toute première fois depuis deux jours. J’ai honte, les larmes roulent déjà sur mes joues saisies par la gêne de l’instant.

J’ai envie de courir, mais je ne peux pas. Episio mon amour, je traîne la patte comme un cow-boy bourré et je peine à atteindre l’ascenseur salvateur. J’ai be­soin d’air, de respirer, j’étouffe, je meurs.

Seule au monde

Sur un trottoir, à quelques pas de l’en­trée de la maternité. J’allume une clope rédemptrice, triste compagne de ce moment terrible. Je n’arrive pas à cal­mer mes spasmes, à contrôler ma res­piration. Je pleure encore et encore, je gémis même, ne pouvant réprimer mes sanglots.

Je pense à quoi ? Au jour où mon enfant me quittera. Oui, mon baby-blues à moi est égoïste, imperturbable, sommaire. Il me dit sournoisement que ce petit bout de chou qui n’est plus dans mon ventre vivra un jour sa vie. C’est bête, mais ça m’angoisse cruellement à cet instant précis. Je le vois déjà m’abandonner, me laisser à mon triste sort de maman en CDD et j’ai peur. Narcissiquement peur.

L’instant d’après

La troisième clope est grillée, je com­mence à m’apaiser. Je me surprends même à sourire. Ironie du moment. Je me ressaisis, la soirée est fraîche et les frissons commencent à me gagner.

Oui, un jour il sera grand, s’envolera du nid et fera lui aussi, sa vie. Mais pour le moment il est là. Tout près de moi. Il a besoin de moi. Ni une ni deux, je remonte les étages qui me séparent de mon fils, faisant fi des douleurs lanci­nantes qui habitent maintenant mon entre-jambes.

Il est là, dans sa pouponnière, entouré d’autres adorables bébés, toujours plon­gé dans un sommeil profond et gracieux. « Non mon petit ange, je ne te quitterai plus et tu ne me quitteras jamais… En­semble pour l’éternité… ».

Une chance

Avec le recul et les connaissances que j’ai aujourd’hui sur le sujet, je sais que j’ai eu beaucoup de chance. Mon baby-blues a été seulement un gros coup de déprime passager qui m’a laissée tranquille et se­reine en quelques heures. D’autres ma­mans n’ont pas cette aubaine et doivent lutter contre les sentiments paradoxaux qu’elles ressentent. Il faut en parler, se faire entourer et surtout ne pas se laisser aller dans un tourbillon infernal et vice­lard qui nous ronge les sangs…

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