Comment expliquer la mort aux enfants

Avec les récents événements qui ont bouleversé la France, nous autres parents prenons conscience d’une chose terrible. Le monde dans lequel nous vivons et que nous sommes censés laisser à nos enfants ne tourne pas rond. Mais alors, comment les protéger et surtout, comment les préparer à la violence qui nous entoure ? Éléments de réponses de papas et mamans encore sous le choc…

Il y a des choses que l’on aimerait cacher à nos enfants. Le terrorisme, la mort, les scènes de violence, le crime, les maladies, la nature qui part en vrille… Oui mais voilà, le monde est ainsi fait qu’il n’a certainement pas pour priorité de protéger l’innocence de nos bambins. Lâchés dans un monde de brutes, ils nous regardent parfois hébétés, leurs grands yeux étonnés, lorsque la foudre frappe à la porte de la maisonnée. Que ce soit par un flash info qui nous laisse pantois, l’annonce d’un terrible accident qui nous touche personnellement, l’horreur d’une catastrophe naturelle qui balaie des populations entières, la misère qui gagne du terrain : lorsque l’on y pense ne serait-ce que quelques secondes, le vertige et le dégoût nous submergent littéralement, nous laissant complètement vides et asséchés de nos larmes, sur le carreau.

Si nous, les adultes, ne sommes jamais vraiment préparés pour cela. Si nous, les parents, sommes encore sous le choc par autant d’inhumanité. Comment rassurer nos enfants alors que nous-mêmes sommes profondément inquiets ? Comment garder la face ? Et surtout, comment leur expliquer l’inexplicable…

POMME DE REINETTE ET POMME D’API…

Devenir parent, c’est une chance. La chance de transmettre, de partager, de grandir avec nous-même. Mais si nous avons pour mission d’accompagner nos fripouilles tant bien que mal sur le chemin de la vie, les tout-petits nous font eux aussi un cadeau extraordinaire, celui de nous faire retomber en enfance. Bercés par de jolies comptines pleines de fausses notes, happés par des séances de jeux qui n’en finissent plus, bouleversés par des éclats de rire et des Je T’aime : nos bébés ont cette incroyable faculté de pouvoir nous faire oublier d’un seul battement de cil, tous nos petits malheurs. RESET. Mais lorsque la grogne est plus profonde, lorsque même le meilleur des fonds de teint ne peut cacher les traits bouffis ou tirés, lorsque face à eux, nous redevenons d’un coup ces adultes fragiles. Que se passe-t-il ?

Il y a ici deux manières d’agir et de penser. Il y a ceux qui font tout leur maximum pour éviter les sujets qui fâchent et peuvent semer le doute et l’incompréhension, enrober les choses, cacher leurs émotions. Puis il y a ceux qui estiment que les plus jeunes ont le droit de tout savoir, que tout peut leur être expliqué, avec des mots simples, certes, mais sans dissimuler la profondeur des choses. Nous ne sommes pas là pour juger l’une ou l’autre des façons de faire. Chacun, selon sa propre expérience de vie ou encore l’âge de ses enfants, est en droit d’adopter la stratégie qu’il souhaite avec ses babies. A la rédaction, peuplée de papas et mamans dont les avis divergent, le débat est lancé. Dans chaque famille et sur les réseaux sociaux aussi. Seule volonté commune, celle de vouloir faire de son mieux avec sa progéniture…

UNE RÉALITÉ ESTOMPÉE MAIS EXPLIQUÉE…

Un drame sans précédent. Voilà ce qui s’est produit le 7 janvier dernier, où le bain de sang provoqué par la bêtise humaine a fait naître un vent d’indignation et de solidarité dans le monde entier. Face à une telle violence à peine cachée, nombreux sont les parents à avoir tenté d’estomper la vérité aux plus jeunes. Réaction logique. En même temps, comment expliquer à un enfant ce que l’on a du mal à comprendre nous-mêmes ?

Le terrorisme est l’un des phénomènes majeurs de notre époque. C’est ainsi mais malheureusement, la sécurité est une notion loin d’être acquise. Selon l’âge de l’enfant, les choses sont expliquées différemment. Il y a bien sûr d’un côté les méchants, de l’autre les gentils. Point. Quand ils grandissent, notamment en âge d’aller à l’école primaire, les choses se compliquent et les questions s’affinent. On se doit alors d’annoncer des choses pas faciles, tout en étant vigilant par exemple sur les questions de religion, que l’on soit athé ou pratiquant de tous bords. Pour ne pas créer la confusion dans l’esprit d’un enfant, il faut toujours utiliser des mots simples, tout en gardant en tête que dans les cours de récréation, les infos se déballent à vitesse grand V.

Difficile débat sans compter qu’il y a en marge de cela le quotidien. Souvent joyeux mais parfois triste, dans lequel nous-mêmes sommes confrontés à la perte d’un proche.

LA MORT, UN SUJET SENSIBLE

La mort fait partie de la vie. C’est un fait. Et pourtant, lorsque l’on est touché par la perte d’un proche, une étrange sensation de vide, de désespoir et d’impuissance nous envahit. Difficile alors de comprendre cette disparition brutale et immuable et encore plus de l’accepter. Pour les enfants, la réalité est toute autre.

La principale crainte des parents lorsqu’un décès survient dans la famille proche, est sans nul doute de briser l’innocence de leurs enfants en les confrontant trop tôt à la mort. Et pourtant, les psychologues recommandent ici de ne pas attendre qu’un décès survienne dans l’univers du bambin pour lui expliquer les choses, au risque de créer un épisode traumatique important chez les plus jeunes. Petit à petit, il est conseillé d’amener subtilement le sujet en prenant appui sur une feuille morte, un insecte sans vie ou encore un animal de compagnie parti dans l’autre monde. Les histoires et contes que l’on raconte aux enfants parlent très simplement de la mort à l’image de Bambi et de sa maman disparue trop tôt ou du Roi Lion et de son papa se rendant au ciel. Les réponses que l’on donne aux enfants doivent être les plus dépouillées possibles. Il faut également tenter au mieux de ne pas montrer ses propres angoisses ou craintes aux plus jeunes, car rappelons-le, un enfant, naturellement, n’a pas peur de la mort puisqu’il ne comprend pas ce que cela sous-entend réellement.

PRUDENCE DE RIGUEUR

Pour protéger nos enfants, on aurait tendance à leur soumettre des explications qui pourraient, au lieu de les rassurer, les mettre dans la confusion et l’affolement. Les petits ne comprennent pas les métaphores. Aussi, lorsqu’on leur dit que Papy est parti au ciel ou en voyage, l’enfant ne fera que guetter le moindre signe de son retour et sera à ce moment-là en peine, voire même en colère contre son aïeul.

La question de l’enterrement est elle aussi sujette à controverse. Un enfant doit-il assister à des funérailles ? Ici, la réponse appartient uniquement aux parents, au rapport qu’ils entretiennent avec la mort ou aux rites religieux par exemple. Dans tous les cas, si un bout’chou souhaite être présent, lui interdire serait pour lui un affront et une source d’incompréhension. En revanche, si le bambin accompagne sa famille dans ce moment lourd en émotion, il ne faut pas hésiter à le rassurer en lui expliquant en amont ce qu’il va se passer et qu’il est tout à fait normal que certaines grandes personnes affichent un très fort chagrin lors de la cérémonie.

Bien sûr, il appartient à chaque parent de trouver les mots justes pour essayer d’expliquer ce qu’est la mort à ses enfants. Mais il y a un point sur lequel les spécialistes s’accordent, c’est qu’il faut éviter au maximum, même si cela part d’une bonne intention de maman et papa protecteurs, de cacher les choses à l’enfant. A trop vouloir le préserver, il risque de vivre la situation plus difficilement une fois plus grand et en âge de comprendre les choses. Car comme nous le disions précédemment, la mort fait partie de la vie. C’est un fait. Terrible, mais immuable. Et la seule chose que nous autres vivants puissions faire, c’est tenter de s’y préparer au mieux et de se soutenir les uns les autres dans cette épreuve difficile.

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