Sos j’attends des jumeaux !

Il y a des événements dont on se souvient TRES longtemps… Vous imaginez bien. Je me souviens parfaitement de ce que je faisais la première fois que j’ai vu les Twins Towers s’écrouler à New York, de ce choc lorsque les journaux télé­visés ont parlé de l’attaque de Charlie Hebdo, puis de cette soirée du vendredi 13 novembre 2015. Un peu moins de la mort de Michaël Jackson, j’avoue… Que les fans me pardonnent, et pour­tant, on n’a toujours pas trouvé plus doué en matière de musique pop… Bref. J’oublie sûrement des tas d’événements marquants… Mais croyez-moi, ces mo­ment-là ne sont rien en comparaison du tsunami émotionnel qui vous tra­verse lorsque vous apprenez que vous attendez des jumeaux ! Comment vous expliquez ? Voyons voir !

C’est un peu comme si vous aviez acheté votre place de cinéma pour aller voir un film plaisant, limite barbant, du genre : « Maman, j’ai raté l’avion », et que vous vous retrouviez assis dans une salle obscure à regarder un film d’hor­reur qui s’appelle : « Chéri, j’attends des jumeaux » !

« Au secouuuuuurs ! Je veux sortir ! », criez-vous apeurée.

Mais non, l’homme à la blouse blanche vous regarde bizarrement par-dessus ses lunettes, et vous assomme définiti­vement d’un banal : « Bon, on va véri­fier qu’il n’y en a QUE deux » !

Le choc gémellaire

Une multitude d’émotions s’entre­choquent ! C’est la bousculade… Et déjà, les premières questions surgissent dans votre tête et cognent si fort qu’on enregistre un séisme de magnitude 9 sur l’échelle de Richter.

Joie : « Ils sont en bonne santé, ouf ! »

Peur : « Ils ? Mais pourquoi je parle au pluriel ? »

Angoisse : « Comment va-t-on faire avec deux d’un coup ? »

Horreur : « Merde ! Il faut changer la voiture… »

Bref, je schématise un peu beaucoup, mais c’est pour vous grossir le portrait de ce phénomène qui porte un nom : le choc gémellaire ! Si, si. Les experts lui ont donné affectueusement un pe­tit nom car c’est notre « pote » à nous. Tous les parents de jumeaux s’en sou­viennent parfaitement de ce moment-là. C’est presque animal. Vous voyez ce que je veux dire ?

Mais je vous rassure, cela finit par se calmer. Très vite, il faut assumer, s’in­former, se préparer, s’organiser… « s’ar­mer » ? Lorsque l’on apprend que l’on va en avoir plusieurs, on se dit qu’il va falloir assurer deux fois plus ! Mais la vérité c’est que rien, absolument rien, ne peut vous préparer à ce qui va arri­ver. C’est dément l’énergie qu’il faut déployer pour être à la hauteur d’une paire de jumeaux. Des fois plus. Mais vous savez quoi ? On finit tous par y arriver, et, au final, c’est la seule chose qui compte.

Prévenir la famille…

Une grossesse gémellaire, c’est un bou­leversement pour le couple, c’est sûr, mais il ne faut pas oublier les proches et la famille toute entière. Tout le monde est plus ou moins concerné. Directe­ment ou indirectement.

D’abord, il faut leur annoncer la nou­velle, leur dire que ce ne sera pas un, mais plusieurs. Faites ici un arrêt sur image. Visionnez la scène à nouveau ! Celle où vous venez de dire à vos pa­rents, à vos cousins, à vos amis, à vos collègues, que vous allez en avoir deux… Stop ! Quelle est leur expression du vi­sage ?

Je vais vous dire, moi, ce qu’ils pensent réellement. Ils ne savent tout simple­ment pas s’ils doivent se réjouir ou non. Est-ce une bonne nouvelle ? Une mau­vaise ? Ils cherchent à savoir à cet ins­tant ce que VOUS en pensez réellement pour réagir convenablement.

De toutes les façons, il faut bien passer par là. Ce genre de nouvelle a un impact puissant, que dis-je, reten­tissant (repensez au séisme et à l’échelle de Richter) sur chacun des membres de votre famille. Chacun se demande si lui aussi porte le gêne en cause ? Si cela peut leur arriver aussi ? Vos parents se demandent ce qui vous attend ? Ils se demandent peut-être même si vous allez y arriver !?

Et vous savez quoi ? Je me répète mais ce n’est pas grave, je veux m’assurer que vous avez tous bien compris : « On finit tous par y arriver ! »

Ce qui vous attend

L’aventure gémellaire ne se vit pas à moitié. A la vérité, tout sera décuplé ! Les galères, la fatigue, les régurgitations, les rots, les changements de couches, les cordons à nettoyer… Tous ces petits trucs peu reluisants que seule Florence Foresti vous raconte bien volontiers. Et encore, chez nous c’est : « fois deux ! » Et toc.

Heureusement, parcimonieusement, occasionnellement, bref, de temps à autre, il y a des petits moments de pur bonheur qui sont, bonne nouvelle, eux aussi décuplés. La nature est bien faite ! Et c’est grâce à eux que vous tiendrez le coup !

C’est à ces moments-là qu’il faut s’ac­crocher. Les sourires par deux, les mains maladroites qui se cherchent, les petits pieds qui se frôlent… Ils se mettent à dormir dans la même position ? Ils rigolent ensemble ? Ne cherchez pas. C’est la magie des jumeaux !

Mais je ne vous cache pas qu’il faut un certain temps pour se dire qu’on y ar­rive. Aussi, il faut du calme et du recul pour s’apercevoir de la chance que l’on a, et clairement, au début, on n’en a pas, du calme et du recul. C’est aussi simple que cela.

C’est un peu comme si vous disiez à un ado­lescent bou­tonneux qui se regarde à deux centimètres du miroir qu’il est beau ! Non, il faut un peu de temps.

Dans les faits, vous serez dans un pre­mier temps « la tête dans le guidon » à dévaler des pentes interminables, à changer des couches seize fois par jour, à donner deux biberons toutes les trois heures, jour et nuit, à prier pour qu’ils n’attrapent pas froid au moindre coup de vent, car sinon ils se refilent les mi­crobes comme ils se refilent les tétines…

Bref, pour ne pas vous mentir ; c’est sportif !

Une communauté solidaire

Les parents de jumeaux se sentent un peu à part. Difficile de se retrouver dans les conseils bienveillants et nombreux de ceux qui ne connaissent pas intime­ment la complexité d’avoir deux enfants en même temps. L’argument est encore plus vrai lorsqu’il s’agit de triplés, de quadruplés…

Cherchez à vous rapprocher d’eux, à communiquer avec eux, à comparer vos expériences, que ce soit par les réseaux sociaux (solution facile et rapide) ou par votre association départementale Ju­meaux et Plus ; vous trouverez toujours un parent qui comprend votre situation pourtant relativement singulière.

On se sent alors moins seul et plus armé pour adapter son mode d’éduca­tion. C’est capital et décisif pour ajuster son attitude dans une société qui ne jure que par la dégémellisation.

Fierté à la clé

C’est lorsque le challenge est immense que la victoire est grande ! Mais à quel moment peut-on parler de « victoire » ? En fait, jamais. Sympa, non ?

Simplement, chaque petite évolution des jumeaux est une petite victoire en elle-même. Et chaque petite victoire s’additionnant aux autres étapes déjà franchies, c’est cela qui rend l’histoire palpitante.

N’abandonnez jamais. Fixez-vous des objectifs raisonnables. Des étapes à franchir. Soufflez de temps à autre. Communiquez. Sortez. Ne vous foca­lisez pas sur les questions bizarres des gens. Et vivez ! Profitez de chaque instant car cela file vite, deux fois plus vite…

Pour tout vous avouer, si j’avais l’occa­sion de revenir en arrière, de poser à nouveau mes fesses sur le fauteuil de mon gynécologue, comme dans « re­tour vers le futur », ce 5 janvier 2013 vers 11h, le verdict serait sans appel ; je re-signe le contrat tout de suite !

Pour rien au monde je ne voudrais manquer tout ce que j’ai vécu depuis que mes filles jumelles sont arrivées sur l’écran de contrôle du gynécologue ! Une folle histoire qui m’anime chaque jour encore, comme un écho rassurant à tous les S.O.S. du monde gémellaire.

Un commentaire

  • Anonyme

    Tellement vrai. Ça décrit parfaitement ce que nous avons vécu! Et la délicatesse du médecin : le premier embryon est la , et le deuxième est là. Comme ça, sans préambule… ça pique. J’ai éclaté en sanglots. Heureusement que mon mari était là.

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